Type de texte | source |
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Titre | Histoire poëtique de la guerre nouvellement déclarée entre les Anciens et les Modernes |
Auteurs | [Callières, François de] |
Date de rédaction | |
Date de publication originale | 1688 |
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Date de reprint |
, livre onzième, p. 253
Je crois, dit Apelles, qu’il ne s’est point encore trouvé de Peintre parmy les Modernes qui ayent receu des marques de distinction aussi honorables que celles que j’ay reçûës du grand Alexandre, et qu’outre le privilege de pouvoir seul faire son portrait, il n’y en a point dont l’art ait charmé aucun Roy de leur temps, jusqu’au point de l’obliger à luy donner une de ses maistresses. [[4:suite : Apelle et Campaspe]]
Dans :Apelle et Alexandre(Lien)
(livre onzième), p. 253-254
[[8:voir aussi Apelle et Alexandre]] Je crois, dit Apelles, qu’il ne s’est point encore trouvé de Peintre parmy les Modernes qui ayent receu des marques de distinction aussi honorables que celles que j’ay reçûës du grand Alexandre, et qu’outre le privilege de pouvoir seul faire son portrait, il n’y en a point dont l’art ait charmé aucun Roy de leur temps, jusqu’au point de l’obliger à luy donner une de ses maistresses, comme ce conquerant me donna une des siennes en mariage en la personne de la belle Campaspe de Larisse, qu’il aimoit passionnement, lorsqu’il s’apperçut que j’en étois devenu amoureux en travaillant par son ordre à la peindre toute nuë.
Dans :Apelle et Campaspe(Lien)
(livre onzième), p. 251-252
Quoy dit Protogene à Apelles, ce Poëte moderne pretend-il nous avoir convaincus d’ignorance en nôtre art, en disant,
Et fust-ce un coup de l’art si digne qu’on l’honore,
De fendre un mince trait, d’un trait plus mince encore.
Et lors qu’il y ajoûte ces deux autres vers injurieux.
A peine maintenant ces exploits singuliers,
Seroient le coup d’essay des moindres Ecoliers,
En verité, continua Protogene, c’est bien parler luy même en Ecolier dans un art dont il croit pouvoir juger en dernier ressort, ne semble-il par à l’entendre qu’Apelles et moy n’ayons jamais rien fait d’extraordinaire que de tirer trois traits fort minces de differentes couleurs l’un dans l’autre ? et est-ce sur un jeu de cette nature (que je défie cependant les plsu grands Peintres de son temps de pouvoir imiter) qu’il doit decider de nôtre merite ? ne sçait-il pas à quel point mes ouvrages ont esté admirez de toute l’antiquité ? [[4:suite : Protogène et Démétrios]]
Dans :Apelle et Protogène : le concours de la ligne(Lien)
(livre onzième), p. 257-258
Ce n’est plus entre nous, dit Praxitelles en s’adressant à Phidias, que roule la dispute de la préference, sur la perfection de nôtre art, c’est le fameux Girardon, ce sont les deux freres Gaspards et le gracieux Baptiste qui nous ont enlevé cette gloire, leurs ouvrages sont au dessus des nôtres et ils seront immortels comme eux.
Lorsqu’il leur manquera quelque bras quelque nez.
Ma Venus de Gnide, qu’on alloit voir de si loin ny tous mes autres ouvrages ne sont pas dignes d’estre comparez à l’excellence des leurs, j’ay beaucoup d’impatience, ajoûta-il de voir ces nouveaux Heros de nôtre art, afin d’apprendre d’eux ce que nous avons ignoré.
Dans :Praxitèle, Vénus de Cnide(Lien)
(livre onzième), p. 252-253
A-t-il[[5:Perrault.]] oubliê que le Roy Demetrius surnommé le preneur de villes, manqua de prendre Rhodes, pour ne l’avoir pas fait attaquer par l’endroit le plus faible, à cause de l’apprehension qu’il eut qu’on y brûlât pendant l’attaque un beau tableau de ma façon, qu’il sçavoit qu’on y gardoit et qu’il vouloit conserver ? que ce même tableau de Ialysus[[3:Fameux chasseur qui fit bâtir une ville dans l’Isle de Rhodes à laquelle il donna son nom.]] a esté depuis porté dans Rome, et conservé avec un soin extrême par plusieurs Empereurs, et qu’il étoit encore sous Vespasien le plus bel ornement du Temple de la Paix.
Dans :Protogène et Démétrios(Lien)
(livre onzième), p. 250-251
Apelles, Protogenes et Thimante s’étant joints à leur conversation, je voudrois, dit Thimante, qu’ils posassent quelques-uns de leurs tableaux à mon tableau du sacrifice d’Iphigenie, qui fut admiré de toute la Grece à cause des differentes expressions de douleur et de pitié, que j’y marquay sur tous les visages des assistans à proportion de l’interrest qu’ils y prenoient, ainsi que l’art que j’eus d’y representer Agamemnon, le visage couvert d’un voile, pour faire connoître que la doulceur de ce pere affligé étoit au dessus de la plus vive expression, je voudrois qu’ils vissent mon Ciclope dormant, ou malgré le petit espace du tableau, je le peignis d’une figure gigantesque artificieusement marquée par de petits satyres qui mesuroient le tour de son pouce. [[4:suite : Apelle et Protogène]]
Dans :Timanthe, Le Sacrifice d’Iphigénie et Le Cyclope (Lien)
(livre onzième), p. 248-250
Zeuxis et Parrasius apprirent avec beaucoup d’indignation que ce Poëte moderne[[5:Perrault.]] vouloit profiter de leur ancien different pour diminuer la reputation de leurs ouvrages, lorsqu’il dit,
Ces peintres si fameux des siecles plus agez,
De talens innoüis furent-ils partagez,
Et le doit-on juger par les rares merveilles,
Dont leurs admirateurs remplissent nos oreilles,
Faut-il un si grand art pour tromper un oiseau,
Un peintre est-il parfait pour bien peindre un rideau.
Je crois, dit Zeuxis, que les peintres modernes que ce Poëte pretend mettre au dessus de nous n’ont point encore fait aux oyseaux de pareilles tromperies, et je croy ajoûta Parrasius qu’aucun Peintre d’entr’eux ne s’est encore trouvé exposé à vouloir tirer un rideau peint par un autre Peintre son concurrent, ainsi bien loin que nôtre dispute diminuë du prix de nos ouvrages, elle sert à leur faire connoître combien nous sommes au dessus d’eux par les choses mêmes qu’ils témoignent mépriser. [[4:suite : Zeuxis Hélène]]
Dans :Zeuxis et Parrhasios : les raisins et le rideau(Lien)
(livre onzième), p. 250
[[4:suit Zeuxis et Parrhasios]] Ce n’est pas sur un si petit essay, ajoûta Zeuxis, qu’on doit juger de nôtre merite, c’est sur mon Helene qui renfermoit en elle toutes les beautez de cinq des plus belles personnes de la Grece.
Dans :Zeuxis, Hélène et les cinq vierges de Crotone(Lien)